Bonjour Alain
Je te remercie pour la promptitude avec laquelle tu te saisis des questions vitales concernant notre région.
Tu parles du silence des Djikié par rapport au sujet que tu nous soumets à nouveau. Je crois que ce silence n’est pas un signe de désintérêt du sujet. En effet, cette problématique est très complexe. Il n’est pas aussi simple qu’on peut le penser de prime abord. Dans ces conditions, il est plus sage de se taire que d’étaler son ignorance à la face du monde. Ceci peut expliquer ce silence.
Mais mon cher Alain, il me semble que tu surestimes la capacité d’analyse constructive de ceux que tu nommes : « diplômés, intellectuels, etc… ». Saches que la préoccupation première de la plupart de ces personnes est le « remplissage de leur ventre » si je peux m’exprimer ainsi. Elles veulent diriger pour le plaisir de diriger. Il leur arrive même de ne pas savoir les raisons pour lesquelles, elles veulent être au-devant des choses. Ce sont des gens suffisants, imbus de leur personne. Cette catégorie de personnes pense que la vie s’arrêtera sans eux. Ce qui est une erreur car, la communauté des Djikié compte beaucoup de ses enfants qui sont prêts à se mettre à son service sans arrière-pensée.
Pour revenir au sujet du jour, il faut avouer que c’est sur le terrain que les choses ont plus de chance d’évoluer. Je crains fort qu’il ne soit déjà trop tard, pas seulement pour les femmes, mais pour les hommes aussi. Car, il n’y a même plus de parcelles de terre à donner en héritage à Zikisso, car tout est bradé, vendu à ceux qui arrivent d’ailleurs ; n’ayons pas peur des mots comme tu le souhaites si bien. Souvent, c’est avec la complicité des chefs de villages que ces terres sont vendues aux nouveaux arrivants. Voilà les limites auxquelles on risque d’être confronté. Aussi, c’est d’une prise de conscience collective qu’à besoin Zikisso.
C’est pourquoi je te suggère de saisir officiellement le chef central de Zikisso. Tu as la chance de faire partie de son cercle intime alors, demandes- lui officiellement par lettre recommandée avec accusé de réception, de réunir les chefs de villages, les chefs de familles pour débattre ouvertement de cette question pour trouver une solution consensuelle. Cela passera sans doute par la question de la conservation des terres par les ayants droits sinon, il n’y aura rien à léguer aux femmes et même aux hommes.
Je me souviens que dans les années 1970, les orphelins subissaient le même sort. C’est à dire qu’à la mort du père, c’est l’oncle qui prenait les plantations. Et très souvent, à la rentrée scolaire, c’est la veuve qui était obligée de vendre toute sa récolte de riz pour scolariser, acheter les fournitures scolaires des enfants, tandis que celui qui avait hérité des plantations du père refusait toute dépense. Il a suffi que quelques enfants disent non à cet état de fait pour que la pratique soit abandonnée. Il est inimaginable aujourd’hui qu’un homme quel qu’il soit hérite de son frère à la place des enfants de celui-ci.
Je profite de cette occasion pour souhaiter de très belles fêtes de fin d’année à toutes les filles et à tous les fils de Zikisso où qu’ils vivent à travers le monde. Que Dieu vous garde et vous bénisse pour que le flambeau de Zikisso soit toujours porté plus haut.
Je termine par adresser toutes mes félicitations à l’équipe de zikisso.com avec une mention spéciale à GNADOU Dano Zady de l’univers HGOAH.
Jean Patrice DJAGO dit Gato Jean
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