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La légende Ziki-diès : de Zikisso à Ziki-diès

Il existe un nombre impressionnant de récits sur les raisons qui ont poussé une partie des Zikié de Zikisso à aller migrer dans la région êga située entre Divo, Fresco, Guitry et Lakota. Mais nous ne retiendrons qu’un seul récit qui fait l’unanimité : celui des parieurs que l’écrivain Tébi Joachim Ablé a dénommé « les parieurs fous ».

En effet, selon la légende, il existait à Zatoblé / Zatoboua un homme (dont le nom ne nous a pas été révélé par nos parents, mais que nous avons appris dans l’ouvrage de Tébi Joachim Ablé. Ce nom lui a été aussi révélé par Oko Cyprien). Cet homme s’appelait Gbogou Dalo. Ce dernier avait une femme qui portait une grossesse et était de passage.

A sa vue, un groupe d’homme assis à la place publique en train de jouer au jeu d’awalé, engagèrent une discussion sur le sexe de l’enfant que portait la bonne dame. Pour les uns, c’était un garçon et pour les autres, c’était une fille. Alors pour départager les deux parties, il fallait donc éventrer la femme en question, après avoir parié. C’est ce qui a été fait. L’enfant était du sexe féminin. Alors pour éviter les représailles de leurs frères, les perdants avaient pris la clé des champs.

Selon le Chef central du village de Ziki-diès (Roger Mamba), les Zikié qui fuyaient ainsi la colère des siens, étaient au nombre de sept(7) personnes. Précisément six (6) hommes et une (1) femme. Il s’agissait de :
– Dalo Kobhu devenu Gbogou, puis Gbogbou (le mari de la femme éventrée) ;
– Dalo Mamba, le frère aîné de Kobhu qui vivrait à Bessable :
– Dawlin ou Dahounin (leur sœur) ;
– Allabha ;
– Lowlè devenu Loa à Ziki-diès ;
– Tchimu ou Tchimou ;
– Adjehi Vlama (le chef guerrier)

Une autre version indique qu’ils seraient huit (8) personnes. Celle-ci ajoute Odugo l’une des sœurs des sept(7) personnes citées ci-haut. Il y aurait donc six (6) hommes et deux (2) femmes. Mais nos informateurs sont beaucoup plus sûrs qu’ils étaient sept(7). Peu importe !
Ces sept (7) ancêtres fuyant la mort, ont traversés monts, vallées et forêts bravant toute sorte d’obstacle. L’histoire nous apprend que c’était des guerriers très aguerris qui ne reculaient jamais devant rien.

Adjehi Vlama était leur chef guerrier. Tous les Êga le reconnaissent jusqu’aujourd’hui ses prouesses militaires. Il était grand de taille et avait une forte corpulence. Il était par-dessus le marché très puissant mystiquement. Adjehi Vlama a été le tout premier chef canton Êga avant Adofi Ogou (de Gnama). Nous reviendront sur l’histoire de ces personnages au chapitre relatif à l’organisation sociale des Êga.

Revenant à l’exode de Kogbou et ses frères, l’histoire nous apprend qu’en quittant Zatoblé, ils ont fait une escale à Zokolilié chez les Gnaléga. Les hôtes ont voulu les garder là longtemps, mais ils ont refusé pour deux raisons :
1) les frères ennemis n’étaient pas loin de là
2) Pour éviter un risque d’inféodation. Les Zikié n’aimaient pas la soumission à un peuple.

Malgré toutes les assurances de protection à eux donné par la famille Gnaléga, Kobhu et ses frères ont décidé de continuer leur randonnée. Ainsi, ils évoluèrent jusque sur le territoire de Gnama, précisément dans la famille Zoé qui voulait leur accorder gîte et couvert. Mais ils refusèrent de rester longtemps avec eux, pour la deuxième des raisons cité plus haut : éviter d’être des sujets de la famille Zoé.

Ils évoluèrent vers l’actuel site où ils se sont installés de gré ou de force. Ils ont fait reculer tous ceux qu’ils avaient trouvés à cet endroit. Comme nous l’avons précisé supra, ces sept (7) personnes étaient des guerriers que rien ne pouvait arrêter. Depuis, lors, ils imposèrent leur hégémonie à toute la région. Permettez-nous de ne pas tout dire de cette histoire passionnante, car ce n’est pas tout qu’on dit en histoire, disent nos parents à Ziki-diès.

Nos ancêtres de Zotoboua viendront donc s’installer sur un territoire lui-même situé dans un canton dénommé par le colon DIES. C’est de là que le village fondé par les braves Zikié venus de Zatoboua tirera son précieux nom : ZIKI-DIES. Dans cette composition apparaît clairement le nom de l’ancêtre ZIKI (qu’ils ont voulu jalousement conserver) et celui de la partie du territoire conquit : DIES. L’histoire nous renseigne que si le peuple de Ziki-diès est resté très fort et invincible jusqu’à présent, c’est parce que ce peuple a honoré la mémoire de son ancêtre fondateur (ZIKI), lui-même très fort et puissant à l’époque. Et comme en Afrique « les morts ne sont jamais morts », les Zikié de Ziki-diès croient dur comme fer que leur ancêtre est toujours avec eux spirituellement.

Par ailleurs, les Êga de Ziki-diès sont donc à l’origine des Dida. Et ils le reconnaissent eux-mêmes puisqu’ils ne nient jamais leur origine dont ils sont très fiers. Ils le disent clairement à ceux qui veulent l’entendre que le vrai nom de leur village s’appelle Zatoboua. C’est pour cela que pendant les moments de joie et surtout d’exploits au village, nos parents s’exclament avec fierté : « Zatobouawanhi ! Zatobouawanhi !… », pour se féliciter. L’équipe de football de ce village répond d’ailleurs par ce nom : Zatoboua.

Ces derniers souhaitent vivement un rapprochement entre leurs frères de Zikisso et eux afin de raffermir les liens de fraternité. Une telle initiative avait été amorcé, il y a bien longtemps, mais n’a pas abouti. Nous pensons qu’il faut reprendre du poil de la bête pour que ce projet soit une réalité.
Extrait de mon manuscrit ”LESEGA DE DIVO: UN PEUPLE MAL CONNU DE CÔTE D’IVOIRE”

 

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