© AJ PHOTO / BSIP/AJ PHOTO / BSIP L’acuité visuelle récupérée après l’intervention est le plus souvent faible et l’aspect esthétique de l’œil avec sa prothèse reste étrange.
«Nous implantons dans l’œil un fragment de dent qui sert de support à une lentille en Plexiglas, explique le Pr Louis Hoffart, responsable du service ophtalmologie de l’hôpital de la Timone, à Marseille. Une telle opération, extrêmement rare, se fait chez des patients atteints de cécité dans les deux yeux, qui ont souvent suivi un long parcours avant d’arriver jusqu’à nous.»
Cette incroyable ostéo-odonto-kérato-prothèse reconstitue alors le couple cornée-cristallin, capable de focaliser à nouveau les images sur la rétine du patient, avec une acuité visuelle qui, dans la majorité des cas, n’atteint cependant que quelques dixièmes. «Pour ces patients qui avaient totalement perdu la vue – et parfois tout espoir de voir à nouveau -, ces quelques dixièmes permettent de retrouver une précieuse autonomie, souligne le Pr Hoffart. Parfois, le résultat est vraiment étonnant. Ainsi, une de mes patientes a retrouvé un emploi au ministère des Finances, elle fait du ski et du vélo!»
Mise au point dans les années 1960 par Benedetto Strampelli, un chirurgien italien, cette technique étrange et brillante a très peu évolué mais continue à être utilisée car elle fonctionne. Elle ne concerne qu’une dizaine de patients par an en France, tous opérés à l’hôpital de la Timone par l’équipe de chirurgie ophtalmique du Pr Hoffart, coordonnée avec l’équipe de chirurgie maxillo-faciale dirigée par le Pr Laurent Guyot. Il n’existe d’ailleurs qu’une cinquantaine de chirurgiens qui la pratiquent actuellement dans le monde: l’apprentissage de la technique est long et les patients concernés représentent une lourde prise en charge.
Le recours à cette technique est un peu comme une chirurgie de la dernière chance, lorsque aucun autre traitement n’a été efficace ou possible, y compris la greffe de cornée, pour ces patients qui ont perdu la vue des deux yeux à la suite de traumatismes, d’accidents chimiques ou de maladies auto-immunes. D’autres techniques sont en cours de développement pour soigner les différents compartiments de l’œil (rétine artificielle, etc.), mais dans cette indication, cette ostéo-odonto-kérato-prothèse reste risquée et ne peut s’envisager que lorsqu’un bénéfice peut être espéré.
«Il faut d’abord vérifier que le fond de l’œil fonctionne toujours et que le patient perçoive la lumière, sinon la prothèse n’apporte rien», rappelle le Pr Hoffart. Échographie et examens électro-physiologiques permettent de vérifier que la rétine et le nerf optique sont capables de recevoir et transporter jusqu’au cerveau les informations perçues par la nouvelle lentille optique. La structure de l’œil doit également être assez solide pour supporter l’intervention et l’insertion de la prothèse.
Autre élément indispensable: la dent, souvent une canine, doit être en assez bon état pour y prélever une lamelle de bonne qualité et y percer un trou dans lequel viendra se loger la lentille en Plexiglas. Une fois prélevée par l’équipe du Pr Guyot, elle est placée dans la joue du patient pendant trois mois. Elle y sera peu à peu colonisée par ses propres cellules et, ainsi «conditionnée», elle pourra alors être intégrée plus facilement dans les tissus de l’œil qu’elle rejoindra plus tard.
À côté de ces éléments «techniques», il faut s’assurer que le patient n’a pas des attentes supérieures à ce que l’intervention peut apporter: l’acuité visuelle récupérée est le plus souvent faible et l’aspect esthétique de l’œil avec sa prothèse, bien qu’amélioré par une coquille qui la recouvre, reste étrange. Il faut enfin s’assurer que le patient pourra bénéficier d’un suivi ophtalmologique régulier, ce qui exclut parfois des patients trop éloignés d’un centre médical compétent.
L’utilisation d’une dent et de sa dentine – l’os est peu à peu dissous et les matériaux synthétiques sont rejetés – permet de maintenir la lentille en place durablement, parfois jusqu’à vingt ans. La dent, si stable et solide soit-elle, peut cependant se dégrader et doit être régulièrement surveillée, éventuellement remplacée. «C’est ce qui nous a conduits, avec le Pr Guyot, à chercher un matériau plus satisfaisant, indique le Pr Hoffart. Nous avons donc lancé des essais avec un morceau de cartilage prélevé dans l’oreille, dont les résultats seront publiés très prochainement.»
Tous les patients qui ont été opérés en 2016 à la Timone ont bénéficié de cette nouvelle approche, qui semble particulièrement prometteuse. Prélever le cartilage est une opération plus courte, plus simple que la lourde intervention nécessaire pour prélever une dent et une partie de l’os qui l’entoure. Le cartilage, en outre, ne semble pas se résorber et la prothèse serait ainsi plus durable encore.
© AJ PHOTO / BSIP/AJ PHOTO / BSIP L’acuité visuelle récupérée après l’intervention est le plus souvent faible et l’aspect esthétique de l’œil avec sa prothèse reste étrange.
«Nous implantons dans l’œil un fragment de dent qui sert de support à une lentille en Plexiglas, explique le Pr Louis Hoffart, responsable du service ophtalmologie de l’hôpital de la Timone, à Marseille. Une telle opération, extrêmement rare, se fait chez des patients atteints de cécité dans les deux yeux, qui ont souvent suivi un long parcours avant d’arriver jusqu’à nous.»
Cette incroyable ostéo-odonto-kérato-prothèse reconstitue alors le couple cornée-cristallin, capable de focaliser à nouveau les images sur la rétine du patient, avec une acuité visuelle qui, dans la majorité des cas, n’atteint cependant que quelques dixièmes. «Pour ces patients qui avaient totalement perdu la vue – et parfois tout espoir de voir à nouveau -, ces quelques dixièmes permettent de retrouver une précieuse autonomie, souligne le Pr Hoffart. Parfois, le résultat est vraiment étonnant. Ainsi, une de mes patientes a retrouvé un emploi au ministère des Finances, elle fait du ski et du vélo!»
Mise au point dans les années 1960 par Benedetto Strampelli, un chirurgien italien, cette technique étrange et brillante a très peu évolué mais continue à être utilisée car elle fonctionne. Elle ne concerne qu’une dizaine de patients par an en France, tous opérés à l’hôpital de la Timone par l’équipe de chirurgie ophtalmique du Pr Hoffart, coordonnée avec l’équipe de chirurgie maxillo-faciale dirigée par le Pr Laurent Guyot. Il n’existe d’ailleurs qu’une cinquantaine de chirurgiens qui la pratiquent actuellement dans le monde: l’apprentissage de la technique est long et les patients concernés représentent une lourde prise en charge.
Le recours à cette technique est un peu comme une chirurgie de la dernière chance, lorsque aucun autre traitement n’a été efficace ou possible, y compris la greffe de cornée, pour ces patients qui ont perdu la vue des deux yeux à la suite de traumatismes, d’accidents chimiques ou de maladies auto-immunes. D’autres techniques sont en cours de développement pour soigner les différents compartiments de l’œil (rétine artificielle, etc.), mais dans cette indication, cette ostéo-odonto-kérato-prothèse reste risquée et ne peut s’envisager que lorsqu’un bénéfice peut être espéré.
«Il faut d’abord vérifier que le fond de l’œil fonctionne toujours et que le patient perçoive la lumière, sinon la prothèse n’apporte rien», rappelle le Pr Hoffart. Échographie et examens électro-physiologiques permettent de vérifier que la rétine et le nerf optique sont capables de recevoir et transporter jusqu’au cerveau les informations perçues par la nouvelle lentille optique. La structure de l’œil doit également être assez solide pour supporter l’intervention et l’insertion de la prothèse.
Autre élément indispensable: la dent, souvent une canine, doit être en assez bon état pour y prélever une lamelle de bonne qualité et y percer un trou dans lequel viendra se loger la lentille en Plexiglas. Une fois prélevée par l’équipe du Pr Guyot, elle est placée dans la joue du patient pendant trois mois. Elle y sera peu à peu colonisée par ses propres cellules et, ainsi «conditionnée», elle pourra alors être intégrée plus facilement dans les tissus de l’œil qu’elle rejoindra plus tard.
À côté de ces éléments «techniques», il faut s’assurer que le patient n’a pas des attentes supérieures à ce que l’intervention peut apporter: l’acuité visuelle récupérée est le plus souvent faible et l’aspect esthétique de l’œil avec sa prothèse, bien qu’amélioré par une coquille qui la recouvre, reste étrange. Il faut enfin s’assurer que le patient pourra bénéficier d’un suivi ophtalmologique régulier, ce qui exclut parfois des patients trop éloignés d’un centre médical compétent.
L’utilisation d’une dent et de sa dentine – l’os est peu à peu dissous et les matériaux synthétiques sont rejetés – permet de maintenir la lentille en place durablement, parfois jusqu’à vingt ans. La dent, si stable et solide soit-elle, peut cependant se dégrader et doit être régulièrement surveillée, éventuellement remplacée. «C’est ce qui nous a conduits, avec le Pr Guyot, à chercher un matériau plus satisfaisant, indique le Pr Hoffart. Nous avons donc lancé des essais avec un morceau de cartilage prélevé dans l’oreille, dont les résultats seront publiés très prochainement.»
Tous les patients qui ont été opérés en 2016 à la Timone ont bénéficié de cette nouvelle approche, qui semble particulièrement prometteuse. Prélever le cartilage est une opération plus courte, plus simple que la lourde intervention nécessaire pour prélever une dent et une partie de l’os qui l’entoure. Le cartilage, en outre, ne semble pas se résorber et la prothèse serait ainsi plus durable encore.
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