En janvier dernier, le chef des Républicains prétendait avoir retenu les leçons de ses erreurs. Et le voici déjà revenu à une radicalisation droitière dont il n’est pas certain qu’elle lui soit favorable
Quand, avec tambours et trompettes, Nicolas Sarkozy publia son nouveau livre – La France pour la vie -, il multiplia promesses et engagements personnels. Tirant les leçons, prétendit-il à de nombreuses reprises, les leçons intimes du quinquennat, il se re-présentait aux Français “changé” et “mûri”. Plus de petites phrases. Terminé les similis insultes reprises en boucle et avec délice sur les réseaux sociaux.
Nicolas Sarkozy n’aura tenu que trois mois, un trimestre et puis…
Et puis, le déchaînement, à nouveau. “L’accident” se sera produit à Nice, A l’occasion d’un meeting en plein air. Chaleur des militants, ivresse de l’orateur. Sarkozy s’en prend aux militants de “Nuit debout”. Pourquoi pas… S’il avait dénoncé leur gauchisme sénile, nous aurions même pu … l’approuver… Si l’ex-président avait relevé l’inanité de leurs propositions, la vacuité idéologique et historique des discours pseudo-politiques entendus place de la République, il aurait même fait œuvre utile de pédagogie. Rien de tout cela, le goût et le sens retrouvés de … l’insulte : “Nous ne pouvons plus accepter que des gens QUI N’ONT RIEN DANS LE CERVEAU viennent donner des leçons à la démocratie française”. Curieuse perception, précisément, de la démocratie.
En démocratie, même les “crétins” ont le droit de s’exprimer, de parler, d’émettre des stupidités, de manifester, d’occuper un lieu public…
En démocratie, qui détermine le niveau d’intelligence, de compétence, de l’adversaire, de l’opposant, du concurrent ? En quoi et pourquoi Nicolas Sarkozy disposerait-il de la moindre légitimité pour s’arroger ce rôle ? Un sage, le chef de LR ? Certainement pas. Un aboyeur enchanté de retrouver sa fonction et son rôle de prédilection.
Une copie d’idées d’extrême-droite
Focalisation médiatique oblique, nous n’avons retenu que cette sortie musclée contre les “Nuit debout”. Bien à tort, car Nicolas Sarkozy s’est livré à un interminable florilège qui ne dessine sans doute pas une politique, mais au moins une “ligne”, qui donne une couleur à ses engagements, qui laisse écouter une petite musique. Ultra droitière, la petite musique Sarkozy… A la droite de la droite quand il égrène “les choses qu’on ne peut plus accepter”….
“Les syndicats qui se comportent comme des partis politiques”…. “Des mosquées où on vient défendre des idées qui sont le contraire de la République”… “Une école où l’on ne respecte plus rien et où il n’y a plus d’autorité”… “Les lycéens manipulés qui bloquent des lycées pour protester contre une loi [El Khomri] dans laquelle il n’y a rien”… “Les étrangers en situation irrégulière qui occupent des établissements publics ou des églises”… – “Le fait qu’on contexte l’idée que la France a des racines, qu’elle a le droit à son identité”…
Etc., etc. Dans ce fatras, Nicolas Sarkozy touche parfois juste. Mais ce retour à la provocation en boucle- contestable sur le plan de la morale politique et du climat délétère ainsi diffusé dans le pays- sera-t-il seulement efficace? L’ex-chef de l’état pourra-t-il en tirer le moindre bénéfice, notamment sondagier? Très loin derrière Alain Juppé, grignoté par Bruno Le Maire, il parie sur cette radicalisation pour remonter. Et s’il s’égarait…
Certes Nicolas Sarkozy a un besoin impérieux de se démarquer, de respirer et de faire respirer à nouveau. Pour lui, c’est un impératif. Pour autant, se démarquer, ce n’est pas copier, ce n’est pas reprendre les mots et les idées des autres, et de l’extrême-droite en particulier. Il est indispensable de relire avec attention ce discours de Nice – prononcé dans l’improvisation et sans note : Marine Le Pen aurait pu tenir les mêmes propos, à la virgule près. Nicolas Sarkozy est certes plus gouailleur que la présidente du Front National.
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