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En Syrie, les derniers rebelles quittent Homs

L’évacuation de la dernière poche de résistance au régime à Homs est le fruit d’un accord local conclu sous la supervision de l’ONU. A terme, 2 000 à 3 000 rebelles et leurs familles doivent quitter ce quartier assiégé depuis trois ans.

A l'entrée du quartier assiégé de Waer, à Homs, mercredi 9 décembre.

© LOUAI BESHARA / AFP A l’entrée du quartier assiégé de Waer, à Homs, mercredi 9 décembre.

Un premier contingent de quelques centaines de rebelles et de civils a quitté, mercredi 9 décembre, le quartier de d’Al-Waer, dernière poche de résistance au régime à Homs. Cette ville fut à la pointe des manifestations anti-Assad début 2011, et elle devint, en prenant les armes face à la répression, une «capitale de la révolution» syrienne.

Des combattants discrets, certains tenant une kalachnikov en main, des femmes, des enfants et des personnes âgées ainsi qu’une quinzaine de blessés ont embarqué dans des autobus à une entrée du quartier, devant des journalistes invités par le régime. Leur convoi, quinze véhicules, était escorté par des soldats de l’armée régulière lourdement équipés, des ambulances du Croissant-Rouge syrien et des représentants des Nations unies.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ils doivent se rendre dans la province voisine de Hama, puis dans la région d’Idlib (nord-ouest), tenue par l’Armée de la conquête, qui réunit une kyrielle de groupes rebelles et islamistes, et le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida.

Ce début d’évacuation est le fruit d’un accord local conclu sous la supervision de l’ONU. A terme, d’ici une semaine selon le régime, 2000 à 3000 rebelles et leurs familles doivent quitter ce quartier assiégé depuis trois ans, séparé de la ville par le fleuve Oronte. Le régime avait libéré des prisonniers détenus à Homs avant ce premier départ, tout comme les rebelles, et autorisé le passage de nourriture et de médicaments. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le Suédois Staffan de Mistura, défend de tels cessez-le-feu locaux. Il s’agit en théorie de multiplier les poches à l’abri des combats, afin de favoriser un climat permettant la tenue de négociations en vue d’une transition politique.

Ville réduite à presque rien

L’armée avait déjà encerclé et repris le quartier symbolique de Baba Amr en mars 2012. Puis, en mai 2014, les rebelles qui tenaient la vieille ville de Homs, affamés, réduits par un siège impitoyable, avaient conclu un accord similaire à celui qui a mené à l’évacuation d’Al-Waer: une première. Ils s’étaient vu garantir un passage, avec leurs armes légères, vers des zones du nord tenues par l’insurrection. Le régime avait obtenu que l’étau rebelle se desserre autour d’autres villes et que des prisonniers soient libérés. On avait alors redécouvert les images d’une ville réduite à presque rien par trois ans de bombardements intensifs et de combats de rue, d’une violence peut-être inégalée dans ce conflit.

Le quartier de Khaldiyeh, repris par les forces gouvernementales à l'été 2013.

© JOSEPH EID / AFP Le quartier de Khaldiyeh, repris par les forces gouvernementales à l’été 2013.

Les journalistes qui ont pu se rendre dans la vieille ville ces derniers jours, sous étroit contrôle du régime, ont décrit des quartiers certes nettoyés de leurs gravats, mais déserts. L’agence Associated Press (AP) a vu cinq magasins ouverts dans un marché couvert qui en comptait 2500 avant-guerre. Très peu d’habitants sont revenus.

L’activiste Bebars Al-Talaoui, interrogé par téléphone à Waer par AP, affirme que le gouvernement empêche les habitants de revenir dans les zones évacuées par l’opposition, en attendant de les remplacer par des alaouites, minorité religieuse à laquelle appartient le clan Assad –une critique répandue dans l’opposition. «Cela fait trois ans. Nous sommes fatigués, nous avons été affamés, nous nous sommes battus et nous avons enterré 1500 personnes, et à la fin, nous revenons au sein de l’Etat», dit-il, sarcastique. Avant la guerre, Homs, cœur économique et industriel du centre du pays, comptait 800.000 habitants, dont une majorité de sunnites, un quart d’alaouites et des chrétiens.

Si le régime peut montrer le fait qu’il est en passe de contrôler la totalité de la ville, la province de Homs, elle, reste en grande partie aux mains des insurgés et du Front Al-Nosra, dans le nord, et de l’organisation Etat Islamique à l’est, dont la ville antique de Palmyre. La hausse de l’engagement militaire russe en soutien au régime, en septembre, si elle a poussé les forces loyalistes à l’offensive au nord de Homs, ne paraît pas avoir changé la dynamique du siège d’Al-Waer. Le quartier n’avait pas l’importance stratégique de la vieille ville de Homs, ni sa charge symbolique: la ville était passée au fil du temps en marge du conflit.

 

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