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Le terme a été popularisé lors du référendum sur le Brexit, puis lors de la campagne américaine pour l’élection de Donald Trump. On a vu des citoyens accepter sans broncher les mensonges de ceux qui prétendent les diriger. Se reconnaître dans la présentation de prétendus « faits alternatifs » : des descriptions fausses de la réalité qui leur sont présentées comme simplement une autre façon de l’appréhender.
Désormais, donc, d’importants dirigeants politiques, d’influents réseaux sociaux et une partie conséquente du peuple partagent des visions fausses et se repaissent d’explications centrées sur l’idée de puissances obscures et maléfiques.
Ces errements mettent à l’épreuve la démocratie. Ils témoignent de la perte de crédibilité des élites politiques – et souvent des médias classiques – ainsi que des intellectuels, voire des enseignants. Aux États-Unis, la pensée du complot et l’ignorance devenue système rejettent l’explication darwinienne de l’évolution, et avec lui, la science et la raison au nom de la tradition et de la religion.
Argumenter ne suffit pas
Ces dérives prolifèrent grâce à Internet et aux réseaux sociaux qui assurent la diffusion instantanée à une vaste échelle de données non vérifiées. Les nouvelles technologies de communication offrent toutes les apparences de la réactivité immédiate, de la possibilité d’interactions riches et denses, du débat : chacun peut exprimer « sa » vérité, la diffuser et la confronter à d’autres, même si c’est sous des formes peu élaborées, comme un « like » sur Facebook, un « tweet »…
Difficile de combattre une telle tendance ! Une argumentation rigoureuse ne fait pas reculer l’irrationnel. Car pour ceux qui croient au complot, tout effort visant à leur démontrer qu’ils s’égarent est perçu comme la preuve d’une malignité d’autant plus diabolique que le raisonnement semble imparable. Le recours à la raison, à lui seul, est inopérant, voire contre-productif.
De même, l’appel à des valeurs d’altruisme, d’amour et de tolérance ne pèse pas face à des convictions non négociables, ancrées en profondeur.
Pourtant, il demeure possible de faciliter l’accès de la population à la raison et aux valeurs. Ainsi, un apprentissage pratique de la technologie peut s’avérer décisif, par exemple dans les Cités de la science où des jeunes font des expériences, échangent avec des savants et sont pris au sérieux dans leurs questionnements. De même, un voyage scolaire à Auschwitz peut se révéler plus efficace que bien des discours en classe sur la Shoah.
Ajoutons qu’il est bon que les Cités de la science, et autres espaces culturels susceptibles d’accueillir des publics jeunes, soient localisés dans des quartiers populaires : cela peut constituer un atout symbolique, surtout si les équipements concernés sont eux-mêmes de qualité.
Il ne s’agit là que de pistes : mais comment ne pas voir qu’il faut des réponses pratiques et réalistes, et non des paroles raisonnables et moralisatrices ?
Source : Ouest-France
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