II- Regard d’un lecteur
Par docteur N-Hubert Goubo, Professeur de philosophie
L’Introduction Différence entre Histoire et Tradition historique
L’introduction de : les Zikié de Côte d’Ivoire nous fait comprendre que l’ouvrage est un entretien entre un curieux qui a fait le déplacement depuis Paris jusqu’à Cèdèko à Zikisso pour écouter un grand traditionaliste, un grand maître de la ‘‘Tradition historique’’ qui se prénomme Suku. Mais avant que ce dialogue ne commence, Suku fait défiler dans sa tête les récits de la vie de l’ancienne époque, au moment où Zikisso s’appelait encore Zikidjô ou Zikizô. Ainsi, il évoque le souvenir de Zaapayolo, le redoutable génie des forêts du pays dida qui était de Cèdèko. Dans les autres contrées du pays dida, Zaapayolo s’appelle : Agblôco. Mais dans cette introduction, Suku nous plonge surtout dans les délices de la cuisine locale et du plat principal des Dida de Zikisso, appelé : côtchiéméssi
Les Zikié de Côte d’Ivoire a été écrit dans la veine de ce que l’auteur appelle : ‘‘Tradition historique’’. Mais alors, comment la définit-il ? ‘‘Ce que j’appelle « Tradition historique », c’est de l’histoire, bien entendu, mais il s’agit d’une histoire d’une autre nature. Elle se définit comme une « histoire racontée ». Car sa trame principale reste le récit et la narration qui la portent. La « Tradition historique » se veut, cependant, la mémoire du peuple qui s’en réclame. Et, elle le guide sur les chemins de son avenir. De ce point de vue, la « Tradition historique » reste, pour la société et dans la société, la conscience-même du peuple. Dans le cadre de la « Tradition historique » également « l’historien s’efforce de retrouver ce qui mérite de ne pas périr » , comme le dit Raymond Aron. Dans la « Tradition historique » plus qu’ailleurs, « la connaissance historique qui s’intéresse aux individus, personnes ou collectivités, dans leur être singulier, naît d’une curiosité dont la justification est humaine autant que théorique, existentielle et non purement intellectuelle » , ajoute-t-il.
La « Tradition historique » que nos pédagogues et nos professeurs des écoles devraient considérer avec attention, se développe à l’intérieur de nos récits, de nos nouvelles, nos contes, nos pièces tragiques individuelles ou collectives, de notre poésie et de la religion du pays. Tu devras donc accepter cette conversation avec ses caractéristiques propres. Je n’oublierai pas, certes, de rappeler certaines dates là où cela s’avèrera possible et, pensant à tous nos jeunes, je procéderai, quelques fois, de façon purement scolaire, mais ce sera, avant tout, une « histoire racontée », dans la veine de la tradition orale. Mais, attention… Cela ne veut pas dire que l’Afrique n’a pas d’écrire et ce n’est du tout ce que je viens de te dire. A ce sujet, je pourrais déjà te citer l’écriture bété de Bruly Bouabré qui vient de nous quitter. Je pourrais, également, te citer l’écriture bamoun, le n’ko, le mandombe ou le guèze, par exemple’’.
LAISSER UN COMMENTAIRE