-Le Préfet de région, sans domicile
Abidjan, le 26-5-15 (lepointsur.com)-Situé à 403 km d’Abidjan et à 55 Km de Bouaké, le chef-lieu de département de la région du Hambol, dans le district de la Vallée du Bandama, en Côte d’Ivoire, a perdu de sa superbe. Reportage…
Katiola, chef-lieu de département dans la région du Hambol, le district de la Vallée du Bandama est la dernière ville en Côted’Ivoire, à avoir accueilli en 1979, la fête nationale tournante initiée par le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny. Lundi 18 mai 2015, les stigmates de la guerre de septembre 2002 étaient encore visibles sur certains joyaux architecturaux. Faute d’entretien, la ville est dans un état de délabrement très avancé.
Située au quartier Sopim, la résidence officielle du chef de l’Etat, qui, avant la guerre, était déjà dans un piteux état, a été mise sens dessus-dessous. Le constat est amer: vitres brisées jonchant le sol, intérieur vidé de son contenu. Tel est le triste tableau que présente désormais ce qui était naguère un joyau. Les tuyaux de raccordement des installations de la Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) et ceux de la Compagnie ivoirienne d’Electricité (CIE) ont été tout simplement emportés. Les déchets humains de certains visiteurs et des animaux errants finissent de convaincre que la résidence du chef de l’Etat a mal à son passé reluisant.
Le préfet de région et certains de ses collaborateurs sans résidence officielle
Isolée du centre ville, la résidence privée du chef de l’Etat, construite à la faveur de la fête nationale tournante à Katiola, s’est transformé
en « maison de passe« , selon certaines langues. Tant, selon ces mêmes sources, les bruits de motos et de certains véhicules de particuliers s’y évanouissent et s’éteignent à des heures chaudes de la journée dans la cour de cette résidence. Celle du préfet, à quelques encablures de là, attend, elle, aussi d’être réhabilitée. Parce que perdue dans la broussaille dans les mêmes conditions que celle du chef de l’Etat. « La guerre est terminée. La réhabilitation de ces infrastructures doit être une priorité pour l’Etat« , indique une tête couronnée de la ville, qui préfère garder l’anonymat pour éviter des interprétations tendancieuses de sa pensée. « Comment expliquez-vous qu’un préfet de région puisse vivre chez des gens ? » s’interroge-t-il, très amer. En effet, le préfet de région, Yul Omépieu vit dans une résidence au quartier résidentiel. cette bâtisse qui ne lui est pas offerte gracieusement, est la propriété d’un cadre de Katiola. Quant à ses collaborateurs, outre Mme le sous-préfet qui vit dans la résidence officielle de l’Etat, les secrétaires généraux 1 et 2 occupent des résidences de particuliers.
« L’’époque du ‘’ boom économique » ou du ‘’miracle ivoirien » est loin derrière nous, mais il faut compter avec le Président Alassane Ouattara. Je suis confiant que tout y ira pour le mieux pour la région du Hambol, en général, et Katiola, en particulier », soutient l’un des cadres de la région Clément Ouattara. Ali Hamed, la gorge nouée lui emboite le pas. « La ville de Katiola avait du mal à se retrouver, à partir d’un pas nouveau pour lui donner tout le sens et le confort dont rêvait Général Thomas d’Aquin, quand la guerre de septembre 2002 est intervenue« , raconte-il.
Le stade Thomas d’Aquin sort difficilement du lot
Si aucun signe de réhabilitation des autres infrastructures ne se fait sentir, le stade Thomas d’Aquin, lui, est en train de renaître progressivement de ses cendres, grâce aux actions personnelles entreprises par le directeur régional de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, Bia Be Vincent, depuis le mois d’octobre 2014. La pelouse, les vestiaires, les toilettes, les grilles de sécurité, etc., présentent désormais un nouveau visage. « Cela a été possible sur fonds propre et l’aide de certains amis, suite à la requête des dirigeants du Club omnisport de Korhogo (Ndlr : COK) qui ont sollicité lesdites installations pour y disputer leurs matchs de championnat de ligue 1 au titre de l’année 2014-2015« , souligne le directeur régional de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et Loisirs rencontré sur les lieux en compagnie de son collaborateur Guéi Germain, jeudi 21 mai 2015.
Inauguré le 5 décembre 1979 par Laurent Dona Fologo, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, le stade Général Ouattara Thomas d’Aquin de Katiola croule sous le poids de la ruine. Ce magnifique stade qui faisait la fierté de la ville de Katiola et de toute la région du Hambol présente de loin un bien triste visage aujourd’hui. Les toitures métalliques des tribunes ont été emportées par les vents. La pelouse qui autrefois était couverte de gazon, fait désormais place à de verdoyants champs de maïs et d’ignames… En somme, la broussaille occupe en ce moment l’aire géographique du stade Thomas d’Aquin qui retrouve toutefois, peu à peu, son lustre d’antan.
« Le stade de Katiola ne figurait pas dans le répertoire des stades pris en charge par l’Etat pour leur réhabilitation.
Soucieux de l’impact du projet à nous soumis par le COK sur la jeunesse de Katiola, nous avons pris la responsabilité de réhabiliter ce qui devait l’être afin de respecter les normes exigées par la Fédération ivoirienne de football (Fif). Cela, dans un bref délai. Nous avons donc informé l’inspection générale de la Jeunesse, des Sports et Loisirs pour la conduite à tenir afin que ce projet de certification aboutisse, étant donné que l’Ons (Office national du sport) n’a pas de représentant à Katiola », raconte avec beaucoup d’émotion Bia Be Vincent.
Le bureau des arbitres, la salle de réunion, la salle Very important personality (Vip) dont les murs brillent grâce aux nouvelles couches de peinture ne sont pas en reste de la réhabilitation. Une fierté pour le gardien des lieux, Touré Dramane qui, depuis longtemps était coupé de la chaleur sportive des dimanches. « Je suis très heureux et fier de notre nouveau directeur régional qui se bat pour le retour du sport professionnel à Katiola. Pendant la crise, j’ai fait ce que je pouvais pour sauvegarder le minimum», souligne-t-il très ravi.
Propositions de fêtes tournantes de l’indépendance
Cette chance, les autres réalisations sous le Général Thomas d’Aquin n’en bénéficient pas. « C’est vraiment dommage que l’Etat ait abandonné cette politique qui avait l’avantage de construire nos villes », se lamente Mme Awa Camara, assistante sociale qui estime que le retour des fêtes tournantes pourrait booster le processus de réconciliation. » Imaginez toutes les forces vives du pays converger vers le Chef-lieu de région ou de département qui accueille les fêtes tournantes pour communier, n’est-ce pas fabuleux pour la cohésion sociale ? » s’interroge cette dame qui semble inviter le Président Alassane Ouattara à réactiver cette politique du premier Président ivoirien dont il se réclame.
En effet, les fêtes tournantes de l’indépendance étaient l’occasion pour l’Etat de construire des résidences officielles, des infrastructures administratives, scolaires, sanitaires et sportives. Et comme la route précède le développement, des axes routiers étaient bitumés dans les départements d’accueil et leur offrait une fière allure.
En attendant que cette proposition soit une réalité, le Président Alassane Ouattara a initié des Conseils de ministres décentralisés lors des visites d’Etat dans les différentes régions de la Côte d’Ivoire, au cours desquelless, les projets à réaliser sont officiellement annoncés par le porte-parole du gouvernement. La région de Tonkpi, dans le district de Man dans l’Ouest du pays a accueilli le premier Conseil des ministres décentralisé le 2 mai 2014.
Sériba Koné, envoyé spécial dans le Hambol
Email :info@lepointsur.com
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